Cette œuvre scénique interdisciplinaire est signée par le Collectif de la Dernière Tangente – groupe créé il y a dix ans autour de Bernard Garo par le musicien Eric Fischer, le comédien François Chattot, la danseuse et chorégraphe Satchie Noro, le poète Dominique Brand ainsi que d’autres artistes.
Bernard Garo insiste, pour chacun, sur le dépassement des limites de sa propre discipline, afin d’aller vers les autres expressions, en des tangentes fécondant de nouvelles émotions. Au cours du spectacle, par exemple, on le voit manier la tronçonneuse pour dessiner finement des têtes, sur de grands rectangles de bois, cette activité se reflétant, transposée, grâce au jeu d’agrandissements et de lumières, sur le corps de deux danseuses, aux sons subtils du saxophone d’Eric Fischer. Tout cela en interaction avec les dessins de têtes projetées de Pierre-Alain Bertola, architecte et scénographe (qui a réalisé en 2008, entre autres, les décors de La Flûte enchantée au Théâtre Marinsky de Saint-Pétersbourg).
Le thème traite de la perte de la perception et de la mémoire, formatrices de la personnalité. Dégénérescence cérébrale, Alzheimer… «Qui suis-je?…Tout chancelle et se vide. Le sombre devient quotidien, puis ce sont les ténèbres. La descente peut être lente, mais le vertige est de plus en plus profond. Impuissance alors. Les petites «Madeleines» ont perdu toute saveur. Lutter? Combattre le vent, l’invisible. Se retourner et ne plus percevoir son ombre. Etre l’ombre» (Eric Fischer et Dominique Brand).
C’est ce thème de l’éphémère de la vie, «de l’humain composé d’eau et constitué de vent» qu’abordent plastiquement Bernard Garo et Pierre-Alain Bertola d’après cette Sculpture d’une mémoire éphémère, œuvre polyphonique qu’on pourra voir et revoir au Festival des arts vivants (FAR) de Nyon en août. L’exposition sera prolongée en septembre par d’autres créations à quatre mains des deux plasticiens.